Pourquoi (et comment) je quitte Google

\"LogoIl y a 3 ans presque jour pour jour, je publiais ici même un article : \ »Pourquoi je quitte Facebook\ ». Dans le même temps, je m\’étais monté un petit serveur afin de me libérer des services de Google et autres. Voilà donc 3 ans que ce serveur tourne en permanence (modulo une coupure de quelques semaines pour cause de déménagement). 3 ans pendant lesquels j\’ai migré petit à petit les services que je confiais à de grosses sociétés privées pour les héberger moi-même. Parmi ces services, on notera ceux que j\’utilise le plus : un aggrégateur de flux RSS (KriSS) couplé à une instance de Shaarli, plusieurs blogs dont celui-ci, un outil de statistiques (Piwik), un dépot SVN (Le premier qui troll sur SVN vs git, je tue un chaton), une galerie photo (PhotoShow) et j\’en oublie sûrement. D\’autres services auront eu leur place aussi pendant quelques temps comme un serveur Minecraft ou un serveur de streaming. Toujours est-il que malgré tout ça, il y a deux choses que je n\’ai pas encore changé : le mail et la recherche. Cependant, depuis quelques mois, j\’ai décidé de mettre en application mes convictions à propos du Net (neutralité, accès, protection des données personnelles). Je me suis beaucoup documenté et investi à différents niveaux de ce qui, je pense, ressemble à de l\'(h)activisme. Si vous vous intéressez au sujet, vous aurez compris où sont les problèmes : stockage et utilisation de nos données, jugements moraux, polices privées,  interception massive et j\’en passe. J\’aurais d\’ailleurs l\’occasion d\’y revenir très bientôt dans un billet parlant du chiffrement. Bref, il est donc temps pour moi de franchir le cap et de quitter définitivement Google! Ce sera long et fastidieux mais voilà déjà quelques pistes.

Concernant la recherche, j\’ai fait plusieurs tentatives avec Ixquick, DuckDuckGo ou encore en installant mon propre noeud Seeks. Mais il faut être honnête, la pertinence des résultats de Google et l\’habitude que j\’ai pris à les consulter font que ce changement demande un effort considérable. Vu le succès grandissant de DuckDuckGo ces derniers mois, c\’est vers lui que j\’ai décidé de me tourner pour le moment. En parallèle, je vais retenter l\’expérience Seeks qui est en parfaite adéquation avec le principe même d\’Internet.

\"Aquilenet\"Pour les mails, j\’ai pensé plusieurs fois à m\’auto-héberger. Ce qui m\’a bloqué est avant tout un problème de disponibilité. Entre la connexion qui peut couper ou un déménagement qui contraint de débrancher le serveur pendant près de 3 mois cette solution n\’était pas vraiment envisageable. La solution vers laquelle je me suis tourné est proposée par Aquilenet, fournisseur d\’accès associatif, membre de la fédération FDN. Je suis en effet adhérent à Aquilenet depuis au moins 2 ans (à raison de 15€ par an) bien que n\’étant pas abonné ADSL. En étant membre de cette association, j\’ai à ma disposition une adresse mail administrée par des gens passionnés et compétents. Qui plus est, le modèle de l\’association étant fortement basé sur sa communauté (comprendre \ »peu hiérarchique\ »), mon avis compte et je peux m\’investir pour maintenir toute cette infrastructure. Enfin, le tout est basé exclusivement sur du libre et est garanti sans filtrage! J\’ai dores et déjà commencé à migré mes abonnements vers cette adresse. Vous avez probablement le même type d\’association dans votre région, n\’hésitez pas à les contacter:

Enfin, la dernière étape sera par rapport à Android. J\’attend avec impatience les premiers téléphones grand public munis de FirefoxOS ou n\’importe quel autre OS complètement libre.

Tout ceci prendra du temps. Sans aucun doute. Mais c\’est la rançon de la liberté et de l\’indépendance.

Internet : pour le partage et la neutralité des réseaux [en vidéos]

\"Web\"Attention, ce billet n\’est pas neutre…

J\’ai déjà eu l\’occasion d\’en parler mais une piqûre de rappel ne fait jamais de mal : j\’attache une très grande importance aux questions relatives à la neutralité du net, à l\’accès universel à la culture et à la bonne utilisation de l\’Internet en général. C\’est d\’ailleurs en ce sens que je soutiens la Quadrature du Net et que je vous invite également à le faire! Bref, toujours est-il que ce concept de neutralité n\’est pas forcément clair pour tout le monde. De même, la notion de réseau décentralisé qu\’est l\’Internet (ou en tous cas comme il devrait l\’être) ou les problématiques de partage de fichiers, de filtrage et toutes les solutions absurdes mises en œuvre (HADOPI, LLOPSI, …) ne sont pas non plus simples à comprendre. C\’est pourquoi je vous propose dans ce billet un certain nombre de vidéos que je trouve particulièrement pertinentes et dont je tâcherai de faire un petit résumé pour chacune d\’elles. Ces conférences/débats font intervenir exclusivement des défenseurs de la neutralité des réseaux. Le choix de ne pas proposer le point de vue des détracteurs de cette neutralité, ou des défenseurs de la HADOPI par exemple, peut paraître contestable mais la raison est simple : nous connaissons tous par cœur leurs discours puisque leur temps de parole est très largement majoritaire. Je propose donc de laisser cette fois la parole au camp adverse, dont je fais partie.

Vous remarquerez que les vidéos que je vous propose sont hébergées sur différents services. Dans l\’idéal, j\’aurais aimé les héberger moi-même mais il reste le problème de la bande passante d\’une part et des droits d\’auteurs sur certaines vidéos d\’autre part.

Enfin, pour conclure cette introduction, je vous invite à vous exprimer dans les commentaires de ce billet d\’autant plus si vous êtes en désaccord avec ce qui aura été présenté dans ces vidéos. Rien n\’est plus constructif qu\’un vrai débat démocratique!

Internet libre ou Minitel 2.0? – Benjamin Bayart

La première vidéo que je vous propose est un \ »best-seller\ ». C\’est LA vidéo qu\’il faut avoir vu absolument. Il s\’agit de la conférence \ »Internet libre ou Minitel 2.0?\ » présentée par Benjamin Bayart, président du fournisseur d\’accès associatif FDN (French Data Network). Cette excellente conférence a été présentée lors des 8ème rencontres mondiales du logiciel libre à Amiens en 2007. Benjamin y explique en quoi l\’Internet d\’aujourd\’hui n\’est pas un réseau décentralisé avec l\’intelligence à la périphérie mais bien une copie en couleur du Minitel. Il y démontre l\’intérêt de l’auto-hébergement (au delà de toute considération technique, ce qui est un autre problème) et la dangerosité de la centralisation de nos données. Tout y est : de la philosophie, de la technique, de l\’analyse. Et tout ça de façon très claire et accessible. Bref, s\’il y a bien une vidéo à voir c\’est celle-ci.

Minitel 2.0 par Benjamin Bayart from gaspard on Vimeo.

Support PDF de la conférence : http://www.fdn.fr/minitel.pdf

Télécharger la vidéo : http://www.fdn.fr/minitel.avi

Neutralité du net : Quels enjeux et quelle régulation – Guillaume Champeau, Jean-Michel Planche, Benjamin Bayart, Jérémie Zimmerman

Cette table ronde s\’est déroulée il y a quelques semaines (au mois de Juin dernier précisément) lors du Web2Day 2011. Les intervenants sont tous des acteurs importants de l\’Internet. Guillaume Champeau est le fondateur du site d\’information Numerama. Jean-Michel Planche est quant à lui le fondateur et président de Witbe et, il y a quelques années, le fondateur d\’Oléane. Comme je l\’ai dit précédemment, Benjamin Bayart est le président de FDN. Enfin, Jérémie Zimmerman est co-fondateur et porte parole de la Quadrature du Net.

Plusieurs choses très intéressantes sont abordées durant ce \ »débat\ ». Dans un premier temps, chacun explique avec ses mots et son point de vue (entrepreneur, FAI, militant, …) sa définition de la neutralité des réseaux. Ensuite sont abordés les dangers de la centralisation. On notera en particulier les risques importants de censure.

Un des passages les plus importants selon moi est la réponse apportée par Jérémie Zimmerman à la question \ »À qui appartient le réseau?\ ». Son intervention nous rappelle une notion important : les FAI/opérateurs de télécom ne sont pas propriétaires du réseau. Ils sont propriétaires de l\’infrastructure matérielle et c\’est ce qui justifie notre abonnement mensuel. Ils n\’ont aucune légitimité à réduire par exemple le débit pour qui consulte Youtube pour des prétendues raisons de surcharges. En revanche, ils ont une obligation (oserais-je dire \ »contractuelle\ »?) envers leurs abonnés d\’investir pour moderniser l\’infrastructure et palier au problème de la consommation toujours plus importante de bande passante. Appliquer une politique de priorisation des flux est clairement scandaleux!

Les intervenants parlent ensuite des intérêts de la neutralité pour les entreprises qui souhaitent se positionner sur l\’Internet. Le fait que la neutralité soit un moteur important de l\’innovation est très bien expliqué.

Enfin, Guillaume Champeau pose la question de la neutralité sur les réseaux mobiles. Point important : la saturation sur réseau mobile est un fait. En revanche, ça ne justifie en aucun cas d\’autoriser/brider tel ou tel protocole ou service. On en revient toujours à l\’analogie avec la Poste : le rôle des FAI est de proposer une infrastructure pour que l\’on puisse recevoir/diffuser des messages (paquets). Il ne devrait avoir aucun droit d\’en regarder le contenu de même que La Poste achemine notre courrier sans ouvrir nos enveloppes.

Internet et Libertés – Professeur Duprat, Jérémie Zimmerman

J\’ai déjà parlé dans un précédent billet de cette conférence organisée par Aquilenet. Je vous invite à vous y référer. Aquilenet est un fournisseur d\’accès à Internet associatif faisant partie de la Fédération FDN. Au même titre de Free ou Orange, Aquilenet propose des abonnements ADSL sur la région Aquitaine. À la différence près qu\’Aquilenet propose de l\’Internet là où les gros fournisseurs d\’accès en proposent une version allégée : certains ports bloqués, une IP parfois dynamique, des débits plafonnés, de la priorisation de flux, … Bref, voilà pour la partie \ »pub\ » de ce billet! Quoi qu\’il en soit, Aquilenet a organisé la conférence que je vous propose ici. Le son n\’est malheureusement pas très bon mais on s\’y fait. Cette vidéo traite davantage des dispositifs mis en place par le gouvernement (HADOPI, LOPPSI), l\’Europe (IPRED) ou même à l\’échelle internationale (ACTA). Cette conférence a été présentée à la Faculté de Droit de Bordeaux IV, ce qui explique la première partie un peu ardue du Professeur Duprat. Je vous invite cependant à l\’écouter malgré tout car elle comporte beaucoup d\’informations intéressantes et en particulier le volet sur les libertés fondamentales.

Si la Vidéo ne s\’affiche pas, c\’est que vous utilisez un navigateur obsolète !
>>Télécharger Firefox<<

Interventions à l\’eG8 – Jérémie Zimmerman, John Perry Barlow

Vous avez certainement tous entendu parler de l\’eG8, cette grande réunion pré-G8 sur les enjeux de l\’Internet. Il n\’y a pas grand chose à tirer de cet événement si ce n\’est deux interventions. L\’une de Jérémie Zimmerman que nous avons présenté précédemment et qui est intervenu depuis le public. L\’autre intervention est de John Perry Barlow, co-fondateur de l\’Electonic Frontier Foundation (EFF), auteur de la Déclaration d\’Indépendance du Cyberespace et curieusement invité parmi les intervenants. Je dis \ »curieusement\ » car il n\’aura échappé à personne que cet eG8 s\’est déroulé presque intégralement en présence de gens (multinationales?) convaincus ou au moins intéressés par un contrôle d\’Internet. Bref, ces deux interventions ont été particulièrement intéressantes. Plutôt que de vous en faire un résumé, je vous propose d\’une part les vidéos de ces prises de paroles (en anglais pour John Perry Barlow) et d\’autre part le texte intégrale récupéré et traduit sur Walkyr.fr par différents contributeurs dont l\’auteur de Walkyr, Skhaen.

Jérémie Zimmerman

Bonjour, je suis Jérémie Zimmermann, je suis co-fondateur de l‘organisation citoyenne La Quadrature du Net . Il y a quelques faits que j’aimerais rapidement exposer ici, qui me semblent manquer dans le débat et qui pourraient éclairer peut-être la compréhension de certains au sujet de la crise de légitimité globale à laquelle le droit d’auteur risque de faire face prochainement s’il n’est pas déjà dedans.

Tout d’abord, pour une génération entière d’utilisateurs, qui utilisent les technologies numériques et qui sont nés dedans, utiliser de l’image, fixe, mouvante ou de la musique fait partie des moyens d’expression. Lorsque vous découragez l’utilisation sans autorisation, à des fins d’expression, vous découragez cette liberté d’expression dont parlait John. Ensuite, des usages, qui n’étaient pas régulés avant Internet. Je pense au droit de lire, au droit de prêter, au droit de partager.

Dans l’environnement numérique, monsieur le Ministre, à chaque fois que vous lisez, vous copiez. L’acte de lecture et l’acte de copie sont indissociables. Lorsque vous essayez à tout prix de décourager la copie, vous allez inévitablement décourager, empêcher la lecture, le partage et l’accès à la culture.

Enfin il y a un fait qui manque encore dans ce débat. J’entends monsieur Gianopulos dire « les gens qui utilisent BitTorrent c’est pas mes clients ». Je vais essayer de dire poliment ce que j’en pense. C’est juste pas vrai. C’est juste faux. Et les études empiriques le prouvent.

Non seulement ces gens là sont vos meilleurs clients, mais en plus c’est même une étude de l’Hadopi en France sur sa page 45, qui démontre invariablement que les gens qui partagent le plus de fichiers sur Internet sont ceux qui dépensent le plus. Je finis, j’ai fini. Ce que vous semblez oublier c’est que la culture, la musique et les films ce sont des choses que l’on aime avec nos émotions, avec nos sentiments et lorsque l’on aime on est toujours prêts à aider et à soutenir la création.

On n’est pas des voleurs.

 

Source : http://walkyr.fr/intervention-de-jeremie-zimmermann-a-leg8/

John Perry Barlow

Oh… bon sang. Bon, bon, tout d’abord merci de m’avoir invité à vous rejoindre ici. Je suis un peu surpris étant donné la composition de cette table ronde. Pour tout vous dire, je ne crois pas que je viens de la même planète.

*applaudissements*

C’est un honneur pour moi que d’être ici, étant donné également que je suis peut-être l’un des rares dans cette pièce qui gagne personnellement sa vie en créant ce que ces messieurs sont ravis d’appeler de la propriété intellectuelle. Je ne considère pas ma création (ndlr : mon expression personnelle) comme ma propriété. Une propriété c’est quelque chose que l’on peut me prendre. Si je ne l’ai pas, quelqu’un d’autre l’a. Et l’expression n’est pas comme cela.

De plus, l’idée même que cela puisse s’appliquer à une forme d’expression est une conséquence directe d’un système qui prend les formes d’expression et qui les transporte, système qui n’était nécessaire qu’avant l’arrivée d’Internet, qui peut faire cela indéfiniment à un coût pratiquement nul.

L’idée même de contenu implique la présence d’un contenant, qui en réalité n’existe plus. Et si ce dont nous parlons aujourd’hui est de créer des incitations à la création, pour les gens qui créent des choses et pas seulement pour les grandes institutions prédatrices, qui se nourrissent de ces créateurs depuis des années, alors je crois que notre discussion prendra un angle tout-à-fait différent.;

Je crois également que nous devrions aborder ce qui est considéré comme un comportement éthique ou moral sur l’Internet. Ce dont on parle ici, et ce qui a été le sujet de toute cette conférence jusqu’à maintenant, par bien des aspects, c’est d’imposer les standards de certaines pratiques commerciales, de certains centres de pouvoir hérités d’un autre âge, sur l’avenir, que ces standards puissent produire de nouvelles idées ou non.

Et avec tout le respect que je vous dois M. le Ministre (ndlr : Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture), je dois marquer mon désaccord quant au fait qu’il y a un certain accord sur la nécessité de mettre en place un droit de la propriété intellectuelle toujours plus restrictif et des mesures toujours plus restrictives pour imposer ce droit sur Internet.

*applaudissements*

Ce n’est pas le public que je pensais trouver ! Je vais aller droit au but, je ne voudrais pas donner un cours magistral et je suis tenté de le faire. Je ne veux pas abuser de votre temps, mais, en essayant de continuer d’imposer cet ordre ancien et de préserver ces modèles économiques éculés, sans reconnaître la relation qui existe entre la création et son public, et comment monétiser au mieux cette relation-là à l’avenir… ce que nous faisons là, c’est détruire techniquement l’internet, de plus en plus. Quand Eric Schmidt s’assied ici et explique calmement à quel point il serait merveilleux d’avoir des robots qui scannent l’Internet pour trouver des atteintes à la propriété intellectuelle et les éliminer automatiquement, cela casse fondamentalement le net, cela cassera le net. Bien des choses qui ont été dites et proposées ici, et qui ont été appliquées, témoignent du refus de reconnaître que l’Internet est un ensemble continu, et que si vous pouvez en contrôler ne serait-ce qu’un aspect, vous pouvez en contrôler l’ensemble.

Si on commence par la propriété intellectuelle, on finira par contrôler également toutes les formes d’expression qui nous déplaisent.C’est aussi simple que ça. Vous ne pouvez pas être propriétaire de la liberté d’expression. Et tout effort qui va en ce sens ne peut être qu’en opposition directe à une promesse avec laquelle je veux conclure ici.

Pour la première fois, dans l’histoire de l’homme, il devient possible aujourd’hui d’accorder à chaque être humain le droit de savoir, le droit de satisfaire sa curiosité au plus haut degré — où qu’il ou elle se trouve —, et le droit de s’exprimer. Et avoir l’espèce humaine tout entière à portée s’il le souhaite.

Voila un héritage d’une importance cruciale que nous pouvons laisser à nos enfants. Et si nous voulons leur refuser cet héritage uniquement pour préserver certaines institutions, qui sont peut-être déjà obsolètes, et bien cela ne fera pas de nous de bons ancêtres.

*applaudissements*

Source : http://walkyr.fr/eg8_jpbarlow/

Conclusion

J\’espère que vous aurez pris le temps de visionner ces quelques heures de vidéo et qu\’elles vous auront convaincu de l\’importance du principe de neutralité des réseaux et du partage de la culture. J\’entends déjà des dents grincer et des gens dire que le partage tue la création. C\’est faux. Internet est le plus grand vecteur de création que le monde n\’ai jamais connu. D\’autre diront que la partage tue les artistes. C\’est faux. La cassette audio n\’a pas tué les artistes. De même que la VHS, le DVD-R ou le CD-R ne les ont pas tué. Le support est différent mais le principe est le même. L\’accès à la culture ne doit pas être fonction de la richesse, il doit être universel. Il existe des solutions profitables aux artistes (cinéma, spectacles, concerts, …). Mais il est vrai qu\’elles le sont moins pour les intermédiaires… Enfin, j\’entends aussi, parfois,  des gens me dire à propos de la neutralité des réseaux qu\’il est normal que tel service soit bridé pour alléger le réseau, ou qu\’il est normal qu\’on accède plus rapidement à telle page plutôt qu\’à telle autre. Là encore, je dis non! Internet est fondé sur le principe d\’égalité. Chacun, depuis sa chaise doit pouvoir contribuer d\’égal à égal avec les autres noeuds du réseau. Brider, filtrer ou contrôler le réseau n\’est clairement pas la solution et est une atteinte flagrante à la liberté d\’expression. Internet n\’est pas une zone de non droit comme certains aiment à nous le faire croire. Des lois existent déjà, elles sont applicables aussi sur l\’Internet sans pour autant faire du réseau un grand \ »Big Brother\ ».

Certains pays ont déjà franchi le cap. Les Pays-Bas ont récemment mis dans la loi le principe de neutralité. La Grande-Bretagne serait sur le point d\’autoriser la copie privée. La France, en revanche, tend à se rapprocher dangereusement des pratiques de pays dans lesquels des libertés fondamentales sont bafouées (Chine, Iran, …)…

Aquilenet, FAI associatif Aquitain : Interview d\’un des fondateurs

\"Aquilenet\"J\’avais déjà évoqué l\’association Aquilenet dans un billet précédent puisque c\’est elle qui avait organisé il y a quelques semaines la conférence \ »Internet et Libertés\ » en présence de Jérémie Zimmermann de la Quadrature Du Net.

Si je lui consacre entièrement un billet aujourd\’hui, c\’est parce que depuis quelques jours, ce FAI associatif a lancé officiellement ses ouvertures de lignes ADSL. Aquilenet se présente ainsi :

Aquilenet est une association fournisseur d\’accès à Internet (FAI), actuellement sur sa lancée de lignes ADSL \ »avec du vrai Internet\ » en Aquitaine depuis janvier 2011, membre fondateur de la Fédération FDN. Nous avons préféré attendre d\’avoir quelques lignes en fonction avant d\’ouvrir publiquement le service, il est maintenant temps pour de nouveaux adhérents de nous rejoindre, pour s\’abonner ou simplement nous soutenir !

Pourquoi Aquilenet ? Parce qu\’il s\’agit de \ »vrai Internet\ »: un Internet sans bridage, sans filtres, sans collecte d\’informations à des fins commerciales et sans contrainte à l\’innovation. Il s\’agit donc d\’un branchement direct au réseau avec des services fournis au maximum de la bande passante possible. Une IP fixe, (un reverse DNS, une délégation DNS, etc.), une interface de gestion de son compte, un coût mensuel maîtrisé. Étant une association loi 1901, Aquilenet offre de la transparence sur les comptes et n\’a pas d\’objectif de rentabilité. Nous facturons donc les lignes en fonction de leur prix de revient, et chaque adhérent peut le vérifier. L\’association n\’utilise que des solutions libres, ce qui nous permet d\’être dans une démarche de construction des services avec les adhérents. Chacun peut participer à développer l\’infrastructure…

Pour en savoir un peu plus, j\’ai interrogé Samuel Thibault un des fondateurs de l’association.

Bonjour Samuel, peux-tu te présenter brièvement?

Je suis enseignant-chercheur à l\’Université Bordeaux 1, spécialisé en calcul parallèle haute performance. Je suis par ailleurs développeur Debian, dont je m\’occupe de l\’accessibilité, et je suis un des mainteneurs de GNU/Hurd. De plus, je joue de la batterie et du trombone dans divers orchestres. Enfin, je suis trésorier d\’Aquilenet.

Peux-tu nous expliquer en quelques mots ce qu\’est Aquilenet?

Il s\’agit d\’une association pour remuer le réseau Internet en Aquitaine. Elle est notamment Fournisseur d\’Accès Internet: elle fournit actuellement un accès à Internet via des lignes ADSL. Elle compte également développer la structure du réseau Internet en Aquitaine: interconnexion locale et avec nos voisins à Brives, Sames, Toulouse, Lyon, … plutôt que systématiquement remonter à Paris.

Quel est l\’intérêt d\’un FAI associatif?

L\’intérêt d\’un FAI associatif est que les abonnés sont adhérents de l\’association, c\’est-à-dire qu\’ils ont droit de regard sur la politique menée par l\’association et peuvent mettre la main à la pâte: politique de non-filtrage, tarification (avec tarifs étudiants par exemple), développement de nouveaux services, etc.

Et pourquoi une implantation régionale?

Il y a plusieurs réponses. FDN est le premier Fournisseur d\’Accès Internet français encore en activité. Il se trouve qu\’il est associatif. Récemment, FDN a commencé à grossir de plus en plus (200 lignes ADSL à l\’heure actuelle), et cela commence à poser problème: il y a typiquement une centaine de personnes qui assistent à l\’AG ! Fonder des FAIs locaux, qui restent à taille humaine, permet de décharger en quelque sorte FDN. Fonder des opérateurs est par ailleurs bénéfique pour le réseau ! Lorsque l\’on regarde l\’implantation des LIRs en France (https://lirportal.ripe.net/maps/locator/) on note une centralisation extrême à Paris, alors que nos voisins européens voient leurs opérateurs répartis géographiquement. En France la topologie du réseau est essentiellement en étoile, or on sait bien que c\’est moins robuste et efficace qu\’un maillage. Fonder des opérateurs locaux est donc une manière de remailler le territoire. C\’est également une manière de dynamiser le réseau localement. Au datacenter de Bordeaux-Lac par exemple, il n\’y a pas d\’IX, l\’outil qui pourrait permettre aux PMI/PME de s\’interconnecter directement en local, plutôt que remonter tous les flux à Paris juste pour redescendre aussitôt à Bordeaux, encombrant ainsi les fibres entre les deux alors qu\’il suffit de mettre un câble en local. Aquilenet compte aider à la création d\’un GIXE qui s\’en occuperait. C\’est enfin un point de rencontre local pour les férus de réseau ! Aller à Paris juste pour causer switches Ethernet, c\’est onéreux. Un opérateur local peut organiser des rencontres locales pour causer, boire des bières, etc. qui sont autant d\’occasions de plus facilement convaincre des gens de s\’abonner à un FAI associatif.

Peux-tu nous expliquer comment tout ça fonctionne (à qui appartiennent les lignes? à quel niveau intervenez-vous? etc…)?

Aquilenet n\’est pour le moment qu\’une \ »marque blanche\ », c\’est-à-dire qu\’elle ne fait que commander des lignes à FDN pour le compte de ses adhérents, et récolter les sous :) Nous comptons par la suite nous occuper petit à petit de plus en plus des différents éléments de l\’accès Internet. Par ailleurs, FDN ne possède pas sa propre infrastructure ADSL et sous-traite à Nerim, qui lui-même sous-traite à SFR (cas dégroupé) ou à France Télécom (cas non dégroupé). Actuellement, ce qui se passe lors d’une prise de ligne ADSL dégroupée est donc:

  • un adhérent soumet sa demande de souscription à Aquilenet.
  • Aquilenet commande la ligne auprès de FDN, qui la commande auprès de Nerim, qui la commande auprès de SFR, qui la commande auprès de France Télécom.
  • SFR remonte la collecte ADSL à Paris et la livre à Nerim, qui la livre à FDN.
  • FDN réceptionne la collecte, et redistribue vers Internet via l\’opérateur alternatif Gitoyen.
  • SFR facture à Nerim, qui facture à FDN. Gitoyen facture à FDN. FDN facture à Aquilenet, qui facture à l\’adhérent.

Cela parait bien long comme chemin, il est vrai qu\’ajouter des intérmédiaires pourrait nuire. Il se trouve que la construction de ligne ne prend tout de même typiquement que quelques jours. Les intermédiaires prennent bien sûr leurs marges, mais de toutes façons pour l\’ADSL il n\’y a guère le choix: ni France Télécom ni free ne sont ouverts à fournir le service, SFR n\’accepte plus de traiter directement avec FDN, et malgré sa bonne volonté, Nerim n\’est pas forcément encline à établir des contrats avec de nombreux FAIs locaux. Poser soi-même des DSLAMs nécessite enfin un investissement bien trop important pour une association. Aquilenet n\’a donc qu\’un rôle purement administratif pour l\’ADSL, et sous-traite toute la technique à FDN. Une autre possibilité aurait été de n\’acheter que la collecte à FDN: le scénario aurait été le même, sauf que plutôt que redistribuer vers Internet, FDN aurait livré la collecte à Aquilenet, qui devrait alors se débrouiller pour redistribuer vers Internet. Le hic, c\’est que la livraison ADSL a à priori de toutes façons lieu à Paris, cela nous a donc semblé inutile de dépenser du temps pour finalement rester dans un scénario centralisé à Paris, nous préférons le dépenser sur des projets plus locaux.

Où intervient le libre?

Tout le chemin entre le modem de l\’abonné et FDN appartient tantôt à France Télécom, SFR, Nerim, donc dépend d\’eux a priori. Mais ceux-ci n\’ont pas à regarder ce qui y passe, le contrat ne stipule que la fourniture d\’un câble virtuel entre l\’abonné et FDN, qui est alors utilisé librement pour faire passer n\’importe quoi, notamment de l\’IPv4 et de l\’IPv6 sous toutes leurs formes, sans aucune contrainte, que ce soit en termes de différenciation de débits, de fermetures de ports, de possibilités de routages, etc.: c\’est vraiment juste un câble passif, avec lequel on fait ce que l\’on veut entre l\’abonné et FDN. Si ces opérateurs le voulaient vraiment (mais ils n\’auraient pas suffisamment d\’intérêt commercial à cela), ils pourraient dépenser du matériel et du temps pour ajouter un DPI ; on pourrait alors au pire utiliser une option de chiffrement de PPP. À l\’inverse, les fournisseurs d\’accès commerciaux ont tendance à fermer certains ports, refuser de fournir aux abonnés différentes IP (statiques), une délégation rDNS, voire différencier les flux: ralentir volontairement le débit disponible depuis certains sites jugés concurrents.

La \ »neutralité du réseau\ » que vous proposez suppose donc que vous êtes à l\’abri du flicage (HADOPI) et du filtrage (LOPPSI)?

On ne peut pas être à l\’abri des lois: si une loi (et surtout, les décrets correspondant) impose un flicage ou un filtrage, on n\’a guère d\’autre choix que de l\’appliquer, sinon c\’est du pénal. Il peut par contre arriver que l\’on traîne à le faire, et apporter une justification de difficulté technique (qui est réelle !), ou simplement montrer une volonté relative d\’obtempérer. On a vu Free fournir des listings sous forme papier 😉

Comment se traduit cette neutralité chez Aquilenet?

Pour l\’instant, puisque Aquilenet n\’effectue pas elle-même sa collecte et redistribution, c\’est surtout du côté de FDN qu\’elle se traduit, Aquilenet ne fait que retransmettre le service de FDN, qui correspond bien à son éthique: tout est ouvert et indifférencié, tout simplement. Si les décrets passent, FDN devra commencer à essayer de mettre en place flicage et filtrage (FDN a pour principe de respecter la loi). Aquilenet devra alors se poser la question.

Pourquoi adhérer à l\’association?

Pour nous soutenir ! Financièrement bien sûr, mais aussi Aquilenet commence à toquer à la porte des collectivités locales, et a bien plus de poids lorsqu\’elle a des adhérents derrière.

Enfin, quand est-ce que les premières lignes ADSL pourront être ouvertes et quel sera le prix mensuel de l\’abonnement?

Dès maintenant ! Le prix mensuel est aligné sur celui de FDN, 28€/mois en dégroupé partiel SFR, 41€/mois en non-dégroupé SFR, auquel s\’ajoute le coût de la ligne France Télécom. Des tarifs réduits (27€/36€) sont proposés pour les étudiants, RMIstes, chômeurs, etc.

 

Merci à Samuel pour le temps qu\’il a consacré à cette interview. Vous trouverez davantage d\’informations sur http://www.aquilenet.fr. Si vous avez des questions, n\’hésitez pas à les contacter ou à laisser un commentaire sur ce blog. Je ferai suivre la question à Samuel et tâcherai d\’y répondre rapidement.

Conférence \ »Internet de Libertés\ »

\"Aquilenet\"\"LaComme annoncé dans un précédent billet, l\’association Aquilenet (dont je reparlerai très bientôt) organisait hier à l\’Université Bordeaux IV (Droit) une conférence sur le thème \ »Internet et Liberté\ » avec comme animateur principal Jérémie Zimmermann, co-fondateur et porte-parole de La Quadrature du Net. Cette conférence a été découpée en deux parties. La première partie était très attachée au Droit et présentée par le Professeur Jean-Pierre Duprat. La seconde, plus accessible pour un informaticien comme moi, présentait le contexte autour du partage avant de proposer des solutions profitables à tous. Bref, j\’ai pris quelques notes durant cette conférence que je vais tenter de vous faire partager au mieux. Vous me pardonnerez les erreurs au niveau du vocabulaire employé pour la partie \ »Droit\ »…

Intervention du Professeur Duprat

Le Professeur Duprat a commencé par présenter les trois principaux droits et libertés qui sont selon lui impliqués lorsqu\’on parle d\’Internet et des nouveaux outils de communication. Ces libertés/droits sont inscrits dans la Constitution Française et/ou dans la Déclaration des Droits de l\’Homme et du Citoyen de 1789 (DDHC) :

  1. La libre communication des pensées et des opinions.

    Article 11 de la DDHC : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l\’Homme: tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l\’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

  2. La propriété intellectuelle

    Article 2 de la DDHC : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.

  3. Protection de la vie privée et en particulier des données personnelles

    Loi du 6 Janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés

La question qui se pose alors et qui résume bien le débat du \ »piratage\ » des œuvres : Comment rendre ces trois libertés/droits compatibles? En effet, le Professeur Duprat remarque deux conflits majeurs :

  • Un conflit entre la liberté de communication et la propriété intellectuelle : il nous faut limiter la liberté de communication afin de ne pas enfreindre la propriété intellectuelle.
  • Un conflit entre la liberté de communication et la protection de la vie privée (et des données privées) : En effet, l\’accès à la libre communication qu\’offre Internet peut permettre l\’accès à des données personnelles.

De ce fait rendre compatible ces libertés demande l\’intervention du législateur. Si j\’ai bien tout compris, la HADOPI a été créée suite à ce constat.
Le Professeur Duprat rappelle que la HADOPI est une Autorité Administrative Indépendante et que de ce fait, elle dispose d\’un pouvoir limité. Il rappelle brièvement ses deux pouvoirs principaux :

  • Un pouvoir de sanction : ce pouvoir est limité et doit être adapté et proportionné pour rester dans la légalité. Dans le cas de la HADOPI, ce pouvoir se manifeste par une sanction pécuniaire en coupant l\’accès Internet de l\’abonné \ »coupable\ » tout en l\’obligeant à continuer de payer son abonnement.
  • Un pouvoir à caractère réglementaire (normatif) : il s\’agit d\’un pouvoir qui autorise à établir des règles particulières, des normes.

Enfin, lorsque le Professeur Duprat évoque les perspectives d\’avenir de la HADOPI, il parle d\’une part d\’une fusion probable de la CNIL et de la CADA (ce qui lui semble assez naturel) et d\’autre part d\’une possible fusion entre l\’ARCEP, le CSA et la HADOPI ce qui, pour reprendre ses termes, semble beaucoup plus délicat compte tenu de leur domaines d\’intervention sensiblement différents. Ces possibles rapprochements viennent des conclusions du rapport Dosière/Vanneste traitant des Autorités Administratives Indépendantes.

Intervention de Jérémie Zimmermann

Jérémie Zimmermann, arborant hier soir un t-shirt Starsky et Hutch du plus bel effet, est co-fondateur et porte parole de la Quadrature du Net. Il a découpé sa présentation en deux parties. D\’une part il a fait un état des lieux des menaces qui pèsent sur l\’Internet que nous connaissons et d\’autre part, il a proposé quelques pistes très intéressantes pour adapter le droit d\’auteur à l\’ère du numérique.

Avant toute chose, il nous donne une définition de la \ »neutralité du net\ ». C\’est une définition simple mais très efficace :

neutralité du net = un seul et même Internet pour tous (tous contenus, tous services, …)

Quelles sont les menaces à cette neutralité selon Jérémie?

  • Des menaces politiques. Pas besoin d\’en dire beaucoup plus à ce sujet. Les cas de la Chine ou de la Tunisie il y a quelques temps parlent d\’eux-mêmes.
  • Des menaces économiques. Jérémie évoque en particulier les opérateurs de Télécoms. Ces opérateurs différencient par exemple les flux téléphoniques (une minute d\’appel aux États-Unis coûte plus cher qu\’une minute d\’appel à son voisin (hors forfaits box illimtés) mais se retrouvent à devoir gérer un Internet qu\’il est difficile de contrôler. Ils appliquent alors des restrictions ciblées comme pour l\’Internet mobile qui est illimité mais avec lequel il ne faut pas dépasser 10Mo de mail… Ou encore certains opérateurs qui bloquent la VoIP.
  • Enfin, des menaces des industries culturelles et du divertissement. Alors que ces industries contrôlaient jusqu\’à maintenant toute la chaîne de production/distribution, elles se retrouvent face à de nouveaux outils qui font en partie ce travail à leur place. Jérémie rappelle qu\’à l\’époque de l\’apparition de la cassette audio enregistrable, ces industries craignaient que le marché de la musique s\’effondre. Ce ne fut pas le cas. De même lors de l\’apparition des VHS. Etc..etc… Les exemples ne manquent pas. Il démontre sans trop de problèmes que ces peurs ne sont pas justifiées et que les préjudices subits par ces industries ne sont que supposés.

Jérémie évoque ensuite la HADOPI (version 2, celle en place). Pour lui, cette haute autorité est déjà morte et enterrée. Il met dans le même sac le directive IPRED2 et l\’ACTA et explique que toutes ces mesures font jouer aux intermédiaires (FAI, services) le rôle de police privée du copyright. Ce qui bien entendu est un problème majeur!

Dans sa seconde partie, Jérémie propose des solutions pour combiner le partage et les droits d\’auteur. Ou comment financer la création à l\’ère du numérique?

Il revient d\’abord sur quelques points qui lui semble importants. Premièrement, pourquoi ne pas distinguer les revenus des auteurs/artistes et des intermédiaires. En effet, dans de très nombreux cas, les auteurs/artistes ne touchent même pas 10% du prix de vente d\’un disque ou d\’un livre. Pourquoi ne pas commencer par attaquer les contrats de production qui tuent la création. Il donne en exemple des contrats de production américains qui obligent des artistes à s\’engager pour 7 albums!

Jérémie nous parle ensuite de pas mal d\’études récentes menées dans plusieurs pays du globe par des cabinets indépendants. En particulier, il cite une étude américaine d\’Octobre 2010 qui montre que depuis l\’apparition de Napster et des réseaux d\’échange P2P, les concerts au États-Unis ont explosés. D\’autres études (en Allemagne, aux États-Unis, en France, …) montrent que ceux qui partagent le plus sont aussi ceux qui achètent le plus et participent le plus aux activités culturelles (concerts, cinéma, …). Une adresse pour retrouver tous les rapports cités : http://www.laquadrature.net/wiki/Documents

Jérémie propose plusieurs solutions et en particulier de revoir la vision du droit d\’auteur pour l\’adapter aux technologies actuelles, aux usages sociaux et pour garantir l\’interconnexion. D\’un point de vue concret, cela se traduirait par l\’ajout d\’une exception (au sens juridique) dans le droit d\’auteur pour autoriser le partage sans but commercial. Un intervenant, professeur de droit, propose de créer un droit d\’exploitation. Des moyens un peu différents pour une même finalité. Jérémie suggère également que la société toute entière pourrait financer la création. Évoquant ainsi la licence globale ou des taxes sur certains produits (téléphones, connexion internet).

Pour conclure, Jérémie Zimmermann cite Isaac Le Chapelier, homme politique français du XVIIIème siècle :

La plus sacrée, la plus légitime, la plus inattaquable, et, si je puis parler ainsi, la plus personnelle de toutes les propriétés, est l’ouvrage fruit de la pensée d’un écrivain ; c’est une propriété d’un genre tout différent des autres propriétés. Lorsqu’un auteur fait imprimer un ouvrage ou représenter une pièce, il les livre au public, qui s’en empare quand ils sont bons, qui les lit, qui les apprend, qui les répète, qui s’en pénètre et qui en fait sa propriété.

Conclusion

Je n\’ai fait là qu\’un résumé des notes que j\’ai prises. La conférence aura duré une bonne heure et demi. L\’association Aquilenet a d\’ores et déjà mis à disposition une version audio de cette conférence. Le torrent permettant de la récupérer est disponible à cette adresse. N\’hésitez pas à seeder 😉 Enfin, une vidéo en cours de traitement devrait également être disponible sous peu. Je tâcherai de faire un billet quand ce sera le cas. Bref, merci à eux d\’avoir organisé cet événement! Et merci aux intervenants pour la qualité de leurs interventions.

Mise à jour : Aquilenet a mis en ligne la version audio et vidéo de cette conférence mais également la version audio du débat qui a eu lieu le lendemain soir à l\’Utopia. Tout est disponible en torrent et en téléchargement direct à cette adresse.

Conférences à Bordeaux avec Jérémie Zimmermann, co-fondateur de La Quadrature du Net

L\’association Aquilenet (dont je reparlerai bientôt) organise lundi 14 et mardi 15 Février à Bordeaux deux conférences animées par Jérémie Zimmermann, co-fondateur et porte parole de La Quadrature du Net. La première aura lieu à 17h30 à l\’Université Montesquieu – Bordeaux IV sur le thème \ »Internet de Libertés\ ». Celle du lendemain se déroulera au cinéma Utopia à 20h30. Le sujet abordé sera la guerre contre le partage des œuvres et de la connaissance. Cette conférence sera précédée du film \ »Steal the film I & II\ ». Si vous souhaitez davantage d\’informations, n\’hésitez pas à me demander en commentaire, je tâcherai de vous aiguiller. Et surtout : venez nombreux!